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Ulrich Vautrin-Cesareo : donner la parole aux élèves pour briser les tabous

Publié le 15 mai 2023 Mis à jour le 5 juin 2023
Ulrich Vautrin-Cesareo Notre-Dame du Grandchamp
Ulrich Vautrin-Cesareo Notre-Dame du Grandchamp
Date(s)

le 16 mai 2023

Nous avons eu plaisir à partager une Conversation avec Ulrich Vautrin-Cesareo, animateur d’ateliers de débat auprès du public adolescent. Il intervient auprès de nos classes de lycée général, professionnel et technologique afin de prévenir les conduites à risques et d’éduquer à la citoyenneté.

Ulrich, vous intervenez auprès de nos élèves sur la thématique des addictions. Comment se déroulent ces ateliers de discussion ?

Les ateliers de discussion, c'est un moment où l'on se gratte la tête : on arrive avec des certitudes et l'on ressort avec des questionnements. L'idée est d'amener les jeunes à prendre du recul sur leurs pratiques, en confrontant leurs points de vue.

Ces échanges durent 2 heures, en classe entière. Pour libérer la parole, je pose dès le départ des règles avec le groupe : tout le monde s'écoute, aucune moquerie n'est tolérée et les discussions restent confidentielles (sauf en cas de danger).

Sur la thématique des addictions, l'objectif est de leur faire prendre conscience :
  • des facteurs de vulnérabilité (Pourquoi je fume ? Pourquoi je bois trop ?)
  • des conséquences immédiates (Qu'est-ce qu'un état second ?)
  • des conséquences à long terme sur la santé (À quoi j'expose mon corps ?)
Ces séances sont programmées avant les vacances de Noël (et toutes les tentations qui vont avec !). Une manière de s'assurer qu'ils abordent les rassemblements festifs à venir, de manière raisonnée.

Pour nos élèves du lycée professionnel, vous animez des formations. Quel est le but de ces séances ?

Les jeunes travaillent en groupe afin de développer des compétences de savoir-être et leur posture professionnelle.

Ces formations sont également un bon rempart contre les situations de harcèlement, grâce aux temps de cohésion. Les élèves prennent le temps de se connaître, au-delà de leurs groupes d'amis respectifs, et tissent des liens au fil des séances (réparties sur l'année).

Comme en ateliers de discussion, je pose des règles : on s'écoute, pas de jugement et ce qui est dit en formation reste en formation. Ce n'est pas de l'autoritarisme mais cela permet de créer de la confiance et de fluidifier les échanges au moment des modules.

Ceux-ci peuvent porter sur le respect, la responsabilité, l'égalité homme-femme... D'abord, on confronte leurs idées autour de la notion. Sur la thématique du respect par exemple : Qu'est-ce que le respect ? Qu'est-ce qui l'abime ?

Puis vient le temps des mises en situation. En petits groupes, les élèves mettent en scène une situation où ils ont vu ou vécu un manque de respect. Se mettre dans la peau de quelqu'un d'autre, ça les oblige à faire preuve d'empathie. Enfin, on débat ensemble des situations jouées.

Quel est votre rôle lors de ces séances ?

Mon rôle consiste à guider les jeunes dans leurs échanges. Sans jugement, mais en les poussant dans leurs réflexions.

Le fait d'être un intervenant extérieur pousse parfois les élèves à confier des choses qu'ils ne diraient pas forcément à leurs parents et à leurs professeurs. Et de faire émerger des situations problématiques. Dans ce cas, sans trahir la confidentialité de nos échanges, j'attire l'attention de l'équipe pédagogique sur telle ou telle fragilité.

Quel bilan faites-vous de ces groupes de parole à Notre-Dame du Grandchamp ?

J'ai des échanges formidables avec les jeunes ! Et en dehors de mes interventions, je sens que le travail se poursuit dans l'établissement.

Avec Chantal Tourelle et Cécile Le Guillou (respectivement directrice adjointe chargée de l'enseignement secondaire et directrice déléguée à l'enseignement professionnel), nos discussions portent sur les moyens de prendre soin des jeunes, de les encourager à aller vers eux-mêmes.

C'est pour cela que ça me met toujours en joie d'intervenir à Notre-Dame du Grandchamp !