• La Conversation,

Tristan Frémy : Directeur de la vie Lycéenne.

Publié le 30 novembre 2020 Mis à jour le 30 septembre 2021
Tristan Frémy
Tristan Frémy
Date(s)

le 30 novembre 2020

Nous avons eu l’occasion de partager une Conversation avec Tristan Frémy, Directeur de la vie lycéenne depuis 2015 à Notre-Dame du Grandchamp. Il nous parle de sa mission et celle de son équipe, du rôle d’éducateur, de la marque de l’enseignement catholique et nous donne ses impressions sur la période actuelle qui vient secouer le monde et l’école.

Comment définiriez-vous votre travail en quelques mots ? 

T.Frémy : Pour moi, il s’agit d’offrir aux enseignants et aux élèves, les meilleurs conditions et moyens possibles de vivre ce qu'ils ont à vivre au lycée : l'apprentissage, la transmission de savoirs, l’acquisition de connaissances et de compétences. 
Plus concrètement, ma mission et celle de mon équipe se décline sur deux volets. L’organisation de l’établissement d’une part (gestion des emplois du temps, des locaux, des événements…). L’humain, d’autre part. Par nature, un établissement est un lieu de vie, les relations humaines ça se gère, ça se travaille. Nous veillons au bon fonctionnement et au maintien d’un climat serein.  

Et votre mission d’éducateur ? 

T.Frémy : Il me semble que c'est donner aux jeunes, les moyens et les outils d'entrer dans un monde qui les précède. Il leur faut maîtriser les codes et les savoirs pour pouvoir entrer pleinement dans ce monde, qu’ils en deviennent acteurs, tout en étant eux-mêmes. 
Je pense souvent à cette recommandation paternelle que j'ai entendu dans ma jeunesse : "Ne voyage pas comme une valise" !   
Être éducateur dans l’enseignement catholique, c'est aussi porter un regard différent sur la question de la réussite, de l’échec ou des difficultés…au fond, nous sommes tous des pauvres mais nous avons aussi tous des richesses à donner.  

Justement, un mot sur la devise de Grandchamp, « s'épanouir et réussir » ?  

T.Frémy : Pour moi, l’un ne va pas sans l'autre !   
Il faudrait réussir à construire un mot qui rassemble les deux, comme "S'épassouir" ! 
Vouloir concevoir une réussite sans l'enthousiasme et sans la joie, c'est absurde.   
Et c'est l'épanouissement, l'enthousiasme et la joie qui permettent de poser un regard sur son existence et d'en constater les succès comme les échecs, sans amertume.  

Qu'est-ce qui vous a poussé à choisir ce métier ?  

T.Frémy : Je suis entré dans le milieu de l'enseignement un peu par hasard, parce que je cherchais un travail. Un job alimentaire, tout simplement. Avec le temps, je me suis rendu-compte que c'est dans ce métier et dans ce milieu-là que je me réalisais et que j'étais amené à donner plus que ce que j'imaginais même avoir à donner.   
Travailler dans l'éducation, ça n’est pas neutre, ça rejoint l'histoire personnelle des gens. C'est puiser dans ce qu'on a pu recevoir et dans ce que l’on estime devoir être transmis à nouveau. 

Qu'est-ce qui vous inspire pour accomplir votre mission ?  

T.Frémy : L'inspiration originelle prend sa source dans l'Evangile. "Tout ce que vous ferez au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous le ferez. » Il y a beaucoup à prendre de sainte Thérèse : j'aime cette idée qu'on peut changer les choses en mettant beaucoup d'amour dans les gestes les plus futiles, dans les plus petits détails de la vie.   
J'ai une affection particulière pour Henri Bergson. On sent dans son écriture, ce regard pétillant, cet enthousiasme pour la vie. Derrière ses moustaches sérieuses on le sent truculent ! 

Comment vivez-vous ce temps de crise sanitaire ?  L'Ecole est en plein essorage !  

T.Frémy : Notre mission d’éducateur est toujours là. Toujours aussi essentielle et fondamentale. Et il faut être dans l'espérance.  
Dans cette période difficile, qui va forcément tous nous marquer plus ou moins péniblement, nous sommes face à deux attitudes possibles.  
S’en laver les mains ; « je ne suis pas responsable de cette crise. Je ne suis pas éleveur de pangolins, cela ne me concerne pas ». Ou, se demander quelle part de responsabilité puis-je porter, devons-nous tous porter ensemble, pour faire en sorte, que, de cette épreuve, puisse en ressortir un marquage positif. 
Je suis assez admiratif de la manière dont les enseignants s'adaptent et se renouvellent pour faire face à cette situation troublée.  
Nous autres adultes, nous avons  valeur d'exemple. Nous devons montrer à nos jeunes, que dans une situation difficile, on se retrousse les manches, on fait de notre mieux, et on s'adapte pour faire face. Dans l'adversité, on ne reste pas passif en montrant les autres du doigts. Cela leur sera très utile pour leur vie d'adulte !   
Propos recueillis par Julie Axisa le 25/11/20