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Béatrice Paul et Eric Birmann : le métier d'AESH

Publié le 17 mai 2021 Mis à jour le 23 novembre 2021
Béatrice Paul et Eric Birmann le métier d'AESH - Accompagnant des élèves en situation de handicap - Notre-Dame du Grandchamp, Versailles, Yvelines, Lycée
Béatrice Paul et Eric Birmann le métier d'AESH - Accompagnant des élèves en situation de handicap - Notre-Dame du Grandchamp, Versailles, Yvelines, Lycée
Date(s)

le 17 mai 2021

Nous avons eu l’occasion de partager une Conversation avec Béatrice Paul et Eric Birmann deux des trois AESH - Accompagnant des Elèves en Situation de Handicap - de Notre-Dame du Grandchamp. Adulte parmi les jeunes, l’AESH, suit pas à pas, décrypte, tisse des liens avec son élève et son environnement immédiat. Un métier bien trop méconnu qui demande finesse, adaptation, humour et humilité. Rencontre...

Pouvez-vous vous présenter ?

B. Paul : Je suis AESH depuis trois ans et ça fait tout autant d’années que je suis à Notre-Dame du Grandchamp. Avant d’occuper ce poste j’étais mère au foyer et je m’occupais de mes six enfants. J’ai décidé de faire ce métier car j’ai toujours été très impliquée dans le suivi de la scolarité de mes enfants. Avec mon mari nous avons même monté une petite école familiale en province, cela m’a notamment permis de me familiariser avec de nouvelles méthodes d’apprentissage.

E. Birmann :  Je suis arrivé à Notre-Dame du Grandchamp il y a quatre ans, et comme Béatrice, c’est ma première expérience en tant qu’AESH. J’ai accompagné près d’une douzaine d’élèves, parmi lesquels des élèves malvoyant, autiste ou “Dys” (les troubles Dys, troubles cognitifs spécifiques tels que dyslexie ou dysorthographie...). Je dirais que je suis arrivé dans ce métier non pas par hasard, mon épouse étant enseignante référente, mais par retour de vocation. J’aime le contact avec les enfants et avant de faire ma vie dans le commerce j’avais réfléchi à exercer dans l’enseignement.

Parlez-nous de votre métier, quels sont vos missions, vos objectifs ?

B. Paul : L’objectif principal de ce métier est, dans la mesure du possible, de réussir à rendre autonome l’élève que nous accompagnons. Pour cela on passe par différentes phases telles que l’autonomie sur la prise de notes, la gestion du cahier de texte ou l’organisation dans le travail. En fonction des handicaps, notre présence permet également de soulager les élèves, notamment sur la prise de notes ou en simplifiant/reformulant certaines consignes. Notre rôle est également de rassurer, d’encourager et de donner confiance en eux à des élèves assez fragiles.

E. Birmann : Dans ce métier les journées ne se ressemblent pas et c’est ce qui fait son charme. Il faut toujours être réactif et savoir réinventer sa fonction. Je rajouterai qu’avec chaque élève, il y a un fond :  le lien que l’on doit créer avec chacun d’eux. Ce lien nous permet entre autres, d’atteindre un second objectif qui est de sociabiliser l’élève dont on s’occupe en établissant des contacts avec le reste de la classe.

Justement, pouvez-vous nous parler du lien que vous créez avec les élèves que vous accompagnez ?

E. Birmann : Il est impératif d’établir un lien très fort avec l’élève que nous accompagnons. Pour lui, notre présence est un rappel perpétuel de sa différence par rapport à ses camarades et cela nous oblige à nous montrer très fin et léger, tout en étant très accompagnant. Ce lien que nous établissons doit se situer à mi-chemin entre “je suis un adulte mais je ne suis pas là pour te juger” et “je suis un adulte mais je ne suis pas professeur”. En fin de compte, nous devenons presque le complice de l’élève que nous accompagnons.

B. Paul : Je rejoins Eric, nous créons des liens forts avec les élèves que nous suivons. J’ai par exemple accompagné un élève malvoyant pendant deux ans et nous sommes toujours en contact aujourd’hui. Avec certains élèves, il nous arrive même de développer des relations amicales, nécessaires dans certains cas, et c’est parfois difficile pour l’élève de ne pas franchir la limite. On est là surtout pour leur travail mais il ne faut pas occulter que pour certains on est aussi des amis, voire une “bouffée de sociabilité”.

Quel lien entretenez-vous avec les professeurs ?

E. Birmann : Nous avons un lien de complicité assez fort avec la quasi-totalité des professeurs qui auraient pu nous percevoir comme des éléments perturbateurs. Il faut noter que ce lien se construit dans l’humour. Je rajouterai d’ailleurs que pour exercer la fonction d’AESH il faut de l’humour, cela permet de désamorcer tellement de situations, c’est l’allié numéro un de ce métier !

B. Paul : On se sent très bien accueillis et extrêmement valorisés par les professeurs, ça arrive régulièrement que les professeurs nous consultent pour savoir comment s’y prendre avec les élèves qu’on accompagne. C’est très agréable !

Au regard de la période sanitaire que nous traversons, comment se vivent les cours à distance avec les élèves que vous accompagnez ?

E. Birmann : C’est très difficile. Cette situation marque encore plus la distance pour un élève en situation de handicap. Lorsque nous sommes physiquement présents à ses côtés, nous créons un lien “fusionnel” avec l’élève qui nous permet de percevoir énormément de signes et de nous adapter en fonction. En distanciel, on perd énormément dans notre métier.

B. Paul : Moralement on sent que l’ensemble des élèves est très affecté par le distanciel. Nous accompagnons des jeunes fragiles qui ont besoin d’être stimulés, sollicités... Si nous ne sommes pas là pour les accompagner, les motiver, c’est très difficile pour eux.

Avez-vous un message à faire passer ?

E. Birmann : Un message pour nos collègues de Grandchamp. Même si cela s’est beaucoup amélioré, le fait que nous ne soyons ni des administratifs, ni des profs, ni des élèves, ne nous rend pas toujours facilement identifiables. Pensez à nous intégrer dans vos boucles habituelles d’informations !

B. Paul : Sur un tout autre registre, j’avais juste envie de dire que le métier d’AESH est un métier hyper enrichissant et très gratifiant à tous points de vue.
 
Propos recueillis par Karim Hadadi le 06 mai 2021
 

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