• La Conversation,

Visite de tutelle : stratégie d’établissement et outil de management par Emmanuel Vandroux, directeur diocésain des Yvelines

Publié le 14 juin 2021 Mis à jour le 3 janvier 2022
E. Vandroux - directeur diocésain des Yvelines
E. Vandroux - directeur diocésain des Yvelines
Date(s)

le 14 juin 2021

Les 8 et 9 juin 2021, cinq binômes de « visiteurs » ont sillonné les couloirs de Notre-Dame du Grandchamp à la rencontre de ses équipes, ses élèves et étudiants, dans le cadre d’une « visite de tutelle ». Afin de bien en saisir les enjeux et les contours, nous avons eu plaisir à partager une Conversation avec Emmanuel Vandroux, directeur diocésain du territoire des Yvelines. Il nous explique tout du lien entre le diocèse, l’enseignement catholique et les établissements.

Emmanuel Vandroux, vous êtes directeur diocésain depuis 2018. Pouvez-vous nous présenter votre parcours et nous expliquer en quoi consiste votre mission. Quels en sont les contours ?

E. Vandroux : Avant de devenir directeur diocésain, j’ai longtemps été en responsabilité sur des établissements polyvalents tertiaires. De 1995 à 2009, j’ai été directeur adjoint du lycée Albert de Mun dans le 7e arrondissement de Paris et j’ai ensuite dirigé le lycée Le Rebours. De 2009 à 2018, j’ai pris la responsabilité de Notre-Dame du Grandchamp.   
Le directeur diocésain est l’adjoint direct de l’évêque pour tout ce qui concerne l’enseignement catholique sur un diocèse, en l’occurrence, ici, celui des Yvelines.  J’ai donc pour mission de travailler avec lui pour que soient mises en place ses orientations sur l’éducation dans les différents établissements, qu’ils soient sous tutelle diocésaine ou congréganistes.   
Pour rappel, l’évêque, est un prêtre nommé par le pape, il dirige le diocèse et en est le pasteur. Le diocèse se confond avec le département en termes de périmètre. Il intègre tout ce qui relève de l’Eglise catholique comme les paroisses, les établissements scolaires, les mouvements, les maisons de retraites…


Un établissement sous tutelle diocésaine, qu’est-ce que cela signifie ?

E. Vandroux : Notre-Dame du Grandchamp est un établissement sous tutelle diocésaine, c’est-à-dire que le Chef d’établissement, à qui l’évêque confie une communauté d’établissement catholique, est nommé, en son nom par le Directeur diocésain. L’histoire récente de Notre-Dame du Grandchamp s’est dessinée ainsi en 1969, lorsque le Petit Séminaire a fermé ses portes, laissant la place à l’établissement que nous connaissons aujourd’hui. Sachez que la tutelle diocésaine dans les Yvelines concerne 80% de nos écoles catholiques, 70% de nos collèges, et en revanche ne touche que très peu de lycées, qui sont plutôt congréganistes.    
Concrètement, cela veut dire que la lettre de mission que reçoit chaque Chef d’établissement lors de sa nomination émane du directeur diocésain, en lien avec son conseil de tutelle, présidé par l’évêque. Cela permet de former une vision suffisamment juste de ce que sont nos établissements, de les accompagner de la meilleure façon possible et, d’être capable de mettre en œuvre les grandes orientations pastorales, telles que « Charité et mission aujourd’hui », ou l’Éducation Affective Relationnelle et Sexuelle (EARS), née lors du synode diocésain de 2011.
Néanmoins, chaque établissement possède sa propre histoire, son propre projet éducatif, développant ainsi une intuition particulière. C’est ce qui fait toute la richesse d’un diocèse et de l’enseignement catholique, permettant l’accueil de tous. On n’implante pas de la même manière, un établissement dans une ville ou à la campagne, dans une ville comme Versailles ou une ville industrielle. Chacun va avoir une approche différente, des objectifs éducatifs et pédagogiques différents.   
  
Nous en venons donc naturellement à la visite de tutelle qui a été vécue les 8 et 9 juin à Notre-Dame du Grandchamp. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette démarche ?

E. Vandroux : D’abord, précisons les mots. La visite de tutelle est un accompagnement régulier de l’établissement qui a pour vocation de faire réfléchir les équipes sur des points particuliers et d’aider le Chef d’établissement dans le pilotage de sa stratégie.  
La plupart des « visiteurs » (les binômes consultatifs) sont membres du conseil de tutelle. Ce conseil se réunit 4 fois par an, il est présidé par l’évêque qui valide les choix du directeur diocésain en termes de recrutement de Chef d’établissement, de choix d’établissement à visiter dans l’année.
Les « visiteurs » sont, la plupart du temps, des Chefs d’établissement en activité ou à la retraite, des adjoints ou des membres de l’évêché. Ils se mettent à l’écoute des personnes, et cela se fait en toute confiance.   
Chaque visite de tutelle est anticipée en conseil, et est retravaillée en amont et en aval. Ce qui sera dit au Chef d’établissement aura été acté en aval de la visite pour être certain qu’il y ait unité et harmonie sur le sujet.  
  
Cette visite est-elle un outil de management pour le diocèse, l’enseignement catholique et pour le Chef d’établissement ?

E. Vandroux : Plus qu’un outil de management, il s’agit d’un outil d’accompagnement. En aucun cas un outil d’évaluation. La visite de tutelle donne lieu à des entretiens, puis à un compte-rendu qui est ensuite remis au Chef d’établissement et à l’ensemble de la communauté.    
Elle sert à faire la photographie d’un établissement à un instant T. C’est au Chef d’établissement et à ses équipes de trouver et mettre en place les idées, les solutions, pas à la tutelle. Notre objectif est de donner les grandes orientations, de dévoiler les idées qui sont ressorties des questions posées. Le management de l’enseignement catholique s’appuie sur la pensée sociale de l’Église, c’est un management qui intègre la notion de subsidiarité et tient compte de chaque personne.   
Nos écoles se définissent plus comme des communautés vivantes de personnes, réunies autour d’un projet fédérateur fondé sur le Christ et son action, que comme des institutions. Elles ont vocation à créer du lien social et ecclésial et à être en capacité d’accueillir, aussi, les personnes en difficulté. Les projets s’adaptent aux communautés, ils sont évolutifs pour être en permanence compris et au service de nos contemporains.
 

Propos recueillis par Julie Axisa le 3 juin 2021